Retour d’expérience sur un chantier unique : construire une salle de classe en extérieur

Aujourd’hui j’écris un article un peu particulier au sujet d’un chantier que j’ai réalisé il y a quelques mois. Tu le sais si tu as lu mon premier article « Pourquoi j’ai créé ce blog ?«  mais dans ma vie professionnelle je ne suis pas qu’un passionné de rénovation mais aussi un charpentier !

Alors pour changer un peu je me suis dis que cela t’intéresserait peut-être de voir le genre de chantier que je réalise.


Le projet « Forest of Imagination »

L’idée était de construire une salle de classe en extérieure appelée « Outdoor School », au milieu d’un grand parc afin que les enfants des écoles alentours puissent venir y étudier pendant les beaux jours. La structure serait entièrement réalisé en mélèze et taillée à la main dans notre atelier en Ecosse avant d’être acheminée en camion, assemblée sur site puis levée à l’aide d’une grue.

Ce chantier fut réalisé par l’entreprise dans laquelle je travaillais : Carpenter Oak

La structure possède de nombreux angles censés rappeler la forêt et les branches des arbres. Eh oui ! On peut le dire, les dessinateurs se sont un peu amusés sur ce projet ! Mais nous autres charpentiers pour le tailler et l’assembler aussi 😉

La localisation

Situé à proximité de la ville de Reading dans le Sud de l’Angleterre le chantier était au bord d’un ruisseau et proche d’un étang. Entouré d’arbres et de sentiers de promenades le lieu regorgeait également de bio diversité.

Nous accédions au chantier par un chemin de terre sur lequel le camion passa sans trop de difficultés mais la grue faillie rester coincée en repartant… Heureusement hormis une petite ornière il n’y eut rien de bien méchant.


Jour 1

Nous arrivâmes sur les coups de midi sur le chantier, le trajet aillant été assez long.

L’installation du chantier

Le repérage : Dès notre arrivée nous avons fait le tour du chantier pour repérer les points d’eau et d’électricité. Ensuite nous avons décidé des zones de stockage des bois. C’est une étape de réflexion à ne pas négliger puisqu’elle peut nous faire gagner comme perdre un temps considérable.

Si nos bois ne sont pas déchargés au bon endroit nous devrons les re-déplacer à la main ou à la grue ce qui vue leur tailles nous prendra forcément un peu de temps.

La livraison : Le camion de livraison arriva, nous avons déchargé tous les bois en gardant une aire suffisante pour assembler les différentes fermes de la charpente.

Ferme : C’est une structure triangulaire constituée par l’assemblage de pièces de bois dans un plan vertical, formant l’ossature d’une charpente.


L’implantation

A l’aide d’un niveau laser (modernité oblige) mais aussi d’un bon vieux cordeau et d’un décamètre nous avons tracé sur les fondations en béton l’implantation exacte de nos pieds de poteaux.

De cette manière au moment du levage nous n’aurons plus qu’à suivre nos marquages et nous gagnerons également du temps lors du réglage final des bois.


L’assemblage

Quand tout va bien c’est l’une des étapes les plus « satisfaisante », il suffit de chercher les bonnes pièces de bois dans les paquets que nous avons pré-organisé à l’atelier, puis d’assembler les tenons-mortaises à l’aide de chevilles en chêne.

La plus grande difficulté résida dans le chevillage métallique des pieds de poteaux car le bois risquait d’éclater lorsque les chevilles ressortaient.

La journée toucha à sa fin lorsque nous eûmes fini d’assembler la deuxième ferme principale. Tout était désormais prêt pour commencer le levage dès le lendemain.

Comme tu peux le voir sur cette photo les pieds de fermes et de poteaux sont assemblés à l’aide de ferrure dite « en âme » qui s’emboitent dans une fente taillée dans le cœur des poteaux, le tout fixé par de petites chevilles métalliques.

Ce type de ferrure permet de dissocier complètement la charpente du sol pour la protéger des remontées capillaires tout en la fixant solidement aux fondations en béton. Ainsi elle résistera sans problèmes aux effets de traction que la structure subira par grands vents.

Jour 2

Le levage de la structure

C’est le moment qui fait toujours s’arrêter les passants et les curieux ! Une fois nos deux fermes principales assemblées au sol et leurs ferrures fixées nous les avons levées une à une. Des montants d’ossature bois de 45mm/95mm furent utilisés pour contreventer nos fermes le temps de lever la pannes sablière et le faîtage.

Dans un second temps nous levâmes la panne sablière puis la panne supérieure et ses deux liens. Elle maintinrent ainsi le bon écartement des fermes tout en nous laissant une marge de manœuvre suffisante.

Je parle de « panne sablière » car elle joue le même rôle qu’une panne classique mais à l’emplacement d’une sablière, à la différence que celle-ci ne repose sur aucune maçonnerie.

Une longue sangle à cliquets fut bien pratique pour resserrer l’écartement des fermes. Nous utilisâmes de petites cales de plastique afin d’éviter de marquer les bois, le mélèze étant un résineux assez tendre contrairement au chêne.

On ne perd jamais de temps sur un chantier, pendant que l’un règle les bois qui viennent d’être levé, l’autre prépare déjà le sanglage du suivant ou assemble en avance les prochains murs.

Place à présent au faîtage. Le sommet de chaque ferme avait été entaillé de quelques millimètres supplémentaires de manière à faciliter son assemblage dans ces dernières.

La croupe est la partie qui ressors de la structure principale, elle fera ici office d’entrée dans le bâtiment.

Vint ensuite le tour du faîtage de la croupe, stabilisant la ferme de celle-ci. Une fois le corps de notre bâtiment debout ce fut au tour des murs d’angles d’être levés.

Tous les bois utilisés furent en mélèze à l’exception des liens courbes qui furent en chêne.

N’oublions pas de savourer l’instant avant de lever notre ouvrage !

Ci-dessous le levage du côté gauche de la charpente.

Chaque côté de la structure fut entièrement assemblé au sol avant d’être levé en venant s’emboiter dans des entailles prévues à ce effet dans les fermes principales.

Et ci-dessus le levage du côté droit du bâtiment.

Nous voici arrivé à la fin de cette belle journée ensoleillée qui ne fut pas de tout repos mais toutefois très productive ! Mes collègues mesuraient ici la longueur des arêtiers que nous allions lever le lendemain pour vérifier qu’il n’y est pas d’erreur.

Arêtier : En charpente, c’est une pièce de bois qui forme un angle saillant raccordant deux versants.

Jour 3

Le levage de la couverture

Les arêtiers sont un élément important de la structure, ici ce sont eux qui rigidifient l’ensemble de la charpente.

Les arêtiers furent quelques peu difficile à emboiter dans les angles mais avec un peu de méthode et d’huile de coudes il finirent par trouver leurs places !

Les noues nécessitèrent d’être un peu retaillées mais rien qui ne fut insurmontable.

Noue : C’est une pièce de bois qui forme un angle rentrant raccordant deux versants, l’opposé d’un arêtier.

Jour 4

Le chevronnage

Un chevron : C’est une pièce de bois rectangulaire répartissant le poids de la couverture du l’ensemble de la charpente. Il file du faîtage jusqu’en bas de pente.

Toutes nos coupes de chevrons dans les faîtage avaient été réalisées à l’atelier mais pour limiter les erreurs nous avions laissé plus de longueurs sur le bas des chevrons. Ainsi j’ai pu les couper suivant un alignement parfait.

Le chevronnage est probablement l’une de mes étapes favorites sur un chantier ! Je grimpe sur la charpente que je viens de construire. J’ai ma sacoche bourrée de clous et mon marteau à la ceinture tandis que je règle chaque coupe à sa place avant de fixer définitivement mon chevron pour les 100 prochaines années !

Jour 5

Les finitions

Nous revinrent pour donner un petit coup de ponceuse sur les bois qui avaient pu être marqués par des frottements pendant le transport et le levage, mais nous eûmes fini et ranger le matériel pour midi.

Quelques petites photos pour la fin 😉


Ma conclusion personnelle

J’ai adoré ce chantier pour sa complexité comme pour son style même si je reste une fervent défenseur de nos charpentes traditionnelles françaises ! Un peu de modernité peu mener à des beaux projets comme celui-ci. Les volumes y sont agréables une fois à l’intérieur et j’espère que les enfants du coin et les promeneurs s’y abriteront.

J’espère que cet article t’aura plu ! N’hésites pas à me le dire en commentaire ou à m’écrire si tu veux davantage d’articles de ce genre.

Bon courage pour tes rénovations et à la semaine pour un prochain article !

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